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Univers de Matsumoto -> Leiji, le flemmard de l'espace !

Leiji le flemmard de l'espace ! par DFEFR.

I- Leiji le flemmard de l'espace - Part 1

II - Leiji le flemmard de l'espace - Part 2


"Dans tous les domaines où se manifeste l'activité humaine, des tics, des manies, des redites caractérisent chacune de ces activités. La bande dessinée n'a pas échappé à cette loi et ses habitués connaissent bien tous les genres, manières ou façons qui différencient un dessinateur d'un autre en faisant le charme et la personnalité de celui-ci."
Marcel Gotlib

Leiji Matsumoto ne fait lui bien sûr, pas exception à la règle... Après avoir cherché, je vous l'avoue, des minutes durant ce qui le caractérisait le plus en son trait, ma surprise ne fut pas du tout totale, et la votre, ô fans en puissance et en porte-monnaie, ne le sera pas plus, en sachant que leiji est un vrai feignant ! Ses mangas regorgent à ra bord de trucs, plus ou moins gros dont l'unique but est de moins en faire, et ce le plus vite possible (productivité du mangaka oblige). On verra, que des décors, des comportements des personnages, des coupes de cheveux ne sont pas là par hasard, et que toutes ses techniques frauduleuses ont fini par faire de Leiji Matsumoto l'ovni graphique du manga que tout le monde connaît. Aussi, on se demandera moins pourquoi cet article est intitulé...

Leiji, le flemmard de l'espace !
Ou la première analyse graphique francophone du dessin de Leiji Matsumoto par DFEFR SD.

Part 1 : Décors et mise en page

La mise en page est un outil fondamental que tout bon auteur de Bandes Dessinées se doit de connaître parfaitement, et d'autant plus pour les mangaka, dont le style fait souvent allusion au cinéma, au storyboard plus précisément. C'est vous dire si la mise en page d'un case peut être cruciale, à la fois pour rendre un effet particulier dans l'histoire, pour s'accorder d'une situation des personnages... ou pour tricher ! C'est ce que fait Leiji tout au long de ses oeuvres, les astuces de mise en page affluent, dans une simple case, sur une page, une disposition particulière de l'angle de vue peut tout arranger au feignant (ci-contre : le gros plan de la tête cache le décors).

Ci-dessous, une autre forme de gros plan : celui-ci est utilisé par Leiji d'une manière extrême, au rythme effréné d'un minimum d'une case comme celle-ci toute les deux pages. On se rend facilement compte de la belle économie de moyens qu'une telle case peut apporter : seul le regard (et encore les yeux fermés, mais je reviendrais sur ça), les sourcils sont dessinés, le reste (forme du visage) est le plus souvent suggéré. Pas de soucis donc du détail extérieur, ni de la forme harmonieuse d'un visage, rapidité oblige. Une bulle de texte vient bien sûr encore en cacher un morceau, tandis qu'une mèche de cheveux providentielle arrange encore le fatigué du crayon (qui pourtant ne poussait déjà pas dans les détails anatomiques).




Sur une page entière, la tricherie peut se faire plus flagrante, voir plus discrète. Leiji Matsumoto est un expert de "la vue spatiale étoilée", souvent présente, et pour cause dans des manga de science fiction. Symbole des grands espaces inviolés, du silence profond qui y règne, l'alternance de pages et de pages de ces vues reflète bien ce que l'auteur veut nous montrer, mais il s'agit aussi d'une technique particulière de flemme. En effet, ces vues ne présentent : ni personnage, ni parcelle de technique, juste quelques points brillants sur un fond dont la teneur en encre ferrait pâlir un chinois. Grâce à quelques feuilles de trames pré-préparées et une bonne photocopieuse, il est facile de faire ces vue en décalant parfois un peu la feuille pour ainsi remplir la feuille.

Des motifs répétitifs sont parfois facilement décelables, le truc est donc découvert. Lorsque de long monologues viennent s'adjoindre sur l'image, c'est non seulement une manière de meubler et de faire tenir le lecteur sur la même page plus longtemps, mais aussi pour économiser un peu de sueur et d'encre (ci-contre : un extrait de la très longue vue spatiale dans Maetel Legend ).


Le copier-coller (j'en vois déjà qui sourient à l'évocation de cette pseudo locution informatique post-moderne, tellement ils sont habitués à en cotoyer les effets si prévisibles dans les mangas de Leiji) est lui aussi un atout majeur pour le mangaka d'aujourd'hui, ou, comment faire des dizaines de pages d'affiler, comment faire en un tour de main apparaître une armada gigantesque, ou encore recupérer de vieilles images pour les réutiliser. Il s'agit de LA solution miracle, pas besoin de plus d'explication.



Ci-dessus : un magnifique copier-coller de Yamato tenant sur 6 pages (sans compter les apparitions de ces mêmes vaisseaux copiés dans d'autres pages) 6 pages pour montrer : un câble qui se détache entre les deux versions du Yam, avec pour faire joli, quelques sons qui changent de côté, et un peu de dialogue, et tout cela seulement pour varier un peu le cocktail (détail étonnant en passant, les dialogues en "voix off", comme on dit dans le jargon, sont souvent dessinés comme écrits dans un parchemin (première case de l'image ci-dessus), drôle de fantaisie pour un feignant puisqu'elle fait travailler, mais vu que ces textes se trouvent dans des pages de type copier-coller, ou de remplissage étoilé, l'auteur peut alors s'octroyer ce petit supplément, sans compter le fait que de voir ça fait immédiatement penser qu'il a bossé comme un fou, tout en s'étant prélassé lâchement, machiavélique donc...).

Autre caractéristique de cet auteur adulé mondialement : "les vues techniques". Elles aussi se retrouvent d'une façon non négligeable dans divers ouvrages, ce qui lui vaut de belles parodies dans le même genre. Les caractéristiques de ce genre de vues sont simples : le tableau de bord "parle" avec un interlocuteur en face de celui-ci (que nous ne voyons bien sur pas...). Des pages de ce genre de scènes sont possible (sans oublier les écrans radar que les personnages commentent) (ci-contre : un tableau de bord...).


On ne peut pas ne pas ignorer que Leiji Mastumoto est un féru de tout ce qui porte à la technique, et on ne peut pas ne pas dire que cela ne se ressent pas, à la fois dans ses décors hyper-poussés, ou dans ses vaisseaux à la fois réalistes (très proches de se que l'on connaît en somme, en matière de navires), et à la fois surréalistes. Mais si le soucis et le soin apportés aux détails du genre technique peuvent paraîtrent une espèce de travail en plus et volontaire de surcroît pour le dessinateur (qu'est-ce que cela vient faire là alors ?), pour l'artiste non seulement habitué mais aussi fanatique, il n'y a rien de plus facile.


En effet, le dessin "technologique", ou "non biologique" (pas les animaux, et tout ce qui en était), répond à de très nombreuses et précises règles, qui, si elles sont respectées, vont alors donner un décor (ou une machine) particulièrement réussi. D'où la grande présence chez Matsumoto d'imposants décors, de pages sans figuration de personnages, d'autant plus que tout ça est matière à récupération.

Tout le long de ses manga, on trouvera de petits trucs simples de mise en page ou de prise de vues qui vont permettre d'immenses soulagements pour la main. Ci-contre, les personnages vus de dos, un truc immonde et presque trop facile. Ici dans le cas de Maetel, seuls cinq traits (sans compter l'encrage des vêtements) ont été suffisants pour la dessiner entièrement, et ce certainement sans passer par le crayonné (le contraire m'étonnerait grandement en effet cette étape est terriblement cause de ralentissement, et puis il faut gommer après...), et en plus veuillez admirer la non présence du décor... un tableau de bord...).

On trouvera dans les premières pages de Maetel Legend presque uniquement des personnages vus de dos, situés dans un décor des plus épurés, contemplant une ville perdue dans les nuages, dont seul un bâtiment émerge...

Autre truc flagrant : l'éloignement de la "caméra", les personnages éloignés lui permet souvent de ne pas trop s'attarder sur les détails, voir même pas du tout. Si le personnage éloigné est d'un centimètre de haut de pied en cape sur la page imprimée, pensez que sur la page originale du dessinateur, il était au minimum deux fois plus grand, donc encore plus de facilité pour le dessiner. Souvent, on trouvera des pages alliant à la fois, personnages de dos et personnages très éloignés, c'est à dire presque que du décor. Une scène de Galaxy Express me revient ainsi en mémoire, où l'on peut voir sur une page entière Maetel et Tesuro mangeant à une table immense, l'un en face de l'autre, Maetel, vue de dos (...) et Tesuro perdu tout au fond (... ...).

On pourra toujours au fil des pages trouver de subtiles aides pour le flemmard en manque de sieste, tout simplement parce qu'elles pullulent, non seulement chez tous, mais chez Leiji encore plus. Un dernier exemple cocasse ci-contre pour la route : la scène se déroule dans un saloon (heureusement j'ai laissé du texte parce que cela aurait été impossible de s'en rendre compte), vous avez bien du remarquer que l'atmosphère enfumée n'a malheureusement pas laissé place pour dessiner, ne serait-ce qu'une misérable table ou chaise. Rajoutons le fait que les personnages judicieusement atteints de nanisme sont presque entièrement cachés par le comptoir, et la "caméra" qui y est tout aussi judicieusement posée permet d'en voir le moins possible.
Merci DFEFR.

La suite : Leiji le flemmard de l'espace - Part 2



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